OHEL YOSSEF – PANTIN

Association Israelite de Pantin & du Près St Gervais

Il y a 40 ans, le 18 ‘Hechvan 5731, disparaissait l’une des plus grandes figures du judaïsme marocain, rabbi Réfael Barou’h Tolédano zatsal. A l’occasion de cet anniversaire, Hamodia rappelle les grandes étapes de la vie de ce pilier de la Torah, père du rav Yaacov Tolédano zatsal, le fondateur des institutions Mercaz Hatorah au Raincy.
C’est en 1890 que naît au foyer du grand rabbin de Meknès, rav Yaacov Tolédano et de son épouse Hanna, un fils qu’il nomment Barou’h. C’est après avoir été malade très jeune qu’on lui rajoutera le nom de Réfael. Dès son plus jeune âge, celui-ci se distingue par la ferveur de sa prière et par d’exceptionnelles midot (qualités) de modestie et de générosité. Formé dans l’étude de la hala’ha par son illustre père, le jeune Réfael Barou’h va s’épanouir dans la Torah aux côtés de maîtres tels que le rav ‘Haïm Messas, qui le formera au Moussar et Rabbi ‘Haïm Berdugo, qui sera son véritable maître. Plus tard, il étudiera la kabala avec le rav Yossef Elkoubi. Considéré comme un Ilouï, un génie de la Torah, il sera nommé Dayan à Meknès, à 18 ans à peine ! Et à 27ans, après le décès de son père, rabbi Réfael Barou’h est nommé grand rabbin de Meknès et président du tribunal rabbinique de la ville. Marié à Ra’hel, fille du directeur du Beth-Din, rabbi Réfael Barou’h va partager sa vie entre l’étude de la Torah et les responsabilités communautaires qu’il a endossées. Il va créer une multitude d’institutions comme le « Bikour Holim » qui venait en aide aux malades nécessiteux, « Malbich Aroumim » qui distribue des vêtements aux pauvres, ou encore « Chouvou Banim » qui sera une organisation de Kirouv rapprochant les Juifs marocains qui se sont éloignés de la tradition. Il va faire construire de nombreux mikvaot à Meknès et dans les villages avoisinants et veillera à ce que chaque communauté possède son Talmud Torah. D’ailleurs, rabbi Réfael Barou’h accorde une importance particulière à l’Education religieuse. Farouchement opposé aux institutions de l’Alliance Israélite Universelle, il fondera à Meknès une école qui comptera plus de 1 800 élèves et créera une yéchiva pour les jeunes des villages proches de Meknès qui n’ont pas été admis dans la grande yéchiva de la ville. C’est lui qui financera cette yéchiva et fournira nourriture et vêtements à ces élèves issus de familles démunies. D’ailleurs, beaucoup de ces enfants sont aujourd’hui des directeurs de yéchivot et kollel en France aux Etats-Unis et en Israël Toujours dans ce souci d’éducation, rabbi Réfael Barou’h décide, après la seconde guerre mondiale, d’envoyer ses enfants outre-mer, à Londres puis à Gateshead, afin qu’ils suivent un cursus de limoud rigoureux dans la plus pure tradition lituanienne. A Meknès, le rav donnait, chaque jour, un chiour suivi par plus de 150 personnes et le vendredi à l’approche du Chabbat, il passait dans les rues de la ville avec son imposante robe noire et son turban traditionnel et enjoignait les commerçants juifs à fermer boutique avant l’entrée du jour saint.
Rabbi Réfael Barou’h vivait très modestement. Ses vêtements étaient toujours propres, mais jamais luxueux. Il ne posséda jamais de biens, ni au Maroc ni en Israël. Il racontait à ses fils que, selon la tradition familiale, ils descendaient de Yonadav Ben Re’hav qui ordonna à ses enfants de ne jamais se construire de maison. Il se souciait toujours de donner tout ce qu’il pouvait pour les autres. Après sa mort, sa femme révéla qu’il avait plusieurs fois dans sa vie jeûné pendant 40 jours en ne prenant qu’une frugale collation en soirée.
L’ouvrage majeur écrit par rabbi Réfael Barou’h sera un « Kitsour Choul’han Arou’h » pour les communautés séfarades, conçu en partie sur le modèle du Kitsour ashkénaze du rav Chlomo Gantzfried. Dans cet ouvrage, figurent également de nombreux poèmes du rav, dont le plus célèbre est « Achorer Chira Li’hvod Hatorah »

En 1963, rabbi Réfael Barou’h arrive en Israël et s’installe à Bné-Brak, d’abord dans le quartier de Zi’hron méïr, puis vers la fin de sa vie, à Ramat Aharon. Bien qu’il n’ait été investi d’aucune fonction officielle, il va œuvrer sans relâche pour le rapprochement vers la Torah des olim du Maroc qui avaient adhéré à la cause du sionisme laïc. Lors de la cinquième convention de l’Agoudat Israël en 1964, il exprime sa douleur face à cette situation mais continuera jusqu’à son dernier souffle à œuvrer pour ramener des Juifs vers la tradition de leurs ancêtres. Rabbi Réfael Barou’h s’éteint le 18 ‘Hechvan 5731 (1970) à Bné-Brak. Tous les guédolim de cette génération l’accompagnèrent vers sa dernière demeure, dans le cimetière de la yéchiva de Poniovitz. La rue dans laquelle il a terminé sa vie porte aujourd’hui son nom. Son fils, rabbi Yaacov, fut le fondateur des institutions Mercaz Hatorah, au Raincy (voir Hamodia n°111)
Yéhi Zi’hro Barou’h
Rav Moché Mizrahi et D.H.

Categories: Info, Info Communautaire

Commentaires impossibles.